Peut-être vous arrive-t-il de laisser sur le pas de votre porte des croquettes pour chat, du maïs ou des restes de repas à destination des ratons laveurs qui habitent près de chez vous. Mais même si ce geste part d’une bonne intention, cet apport répété de nourriture peut leur être fatal et menacer votre santé !
Gourmand par nature, le raton laveur est fortement attiré par la nourriture et tend à se rassembler à proximité des habitations. Dans le sud de la Wallonie, il n’est pas rare d’observer à la nuit tombée de petits attroupements de ratons laveurs autour des poubelles, de la gamelle du chat, du compost ou du potager. Ces rassemblements engendrent de fréquents conflits entre les animaux et s’accompagnent de beaucoup d’agressivité de leur part.
Ratons des villes et ratons des bois
L’apport de nourriture artificielle permet au raton laveur de grandir rapidement, d’atteindre une taille corporelle importante et de produire de nombreux jeunes. De ce fait, les ratons des villes atteignent des densités jusqu’à dix fois plus importantes que celles que l’on observe dans les milieux forestiers. Ils paient toutefois un lourd tribut aux maladies et à la circulation automobile, qui constituent les principales causes de mortalité en milieu urbain.
Junkfood
La nourriture que l’homme met à disposition du raton laveur est mal adaptée à ses besoins nutritionnels car elle est trop riche en sucres rapides en comparaison avec ce qu’il peut trouver dans le milieu naturel. Son ingestion répétée le rend dépendant à ce type d’aliments et peut lui porter préjudice en engendrant obésité, hyperglycémie, diabète, caries, etc. Ce qui affecte son bien-être et peut causer sa mort prématurée !
Stress et agressivité
Les ratons laveurs se disputent fréquemment ce que l’on met à leur disposition et les morsures entre eux sont monnaie courante sur les lieux de nourrissage. Cette agressivité peut aussi se reporter sur les chiens ou les chats qui s’alimentent au même endroit… ou sur les personnes qui tentent de les apprivoiser. Aux Etats-Unis, des centaines de patients arrivent chaque année dans les services d’urgence des hôpitaux après avoir été mordus par des ratons laveurs !
Bouillon de culture
Le nourrissage augmente aussi la transmission de maladies et de parasites entre ratons laveurs dans la mesure où il favorise leur rassemblement. Cette transmission peut se faire au travers des morsures qu’ils s’infligent ou via la consommation d’eau et d’aliments souillés par les urines ou les fèces : ce qui peut engendrer à terme des mortalités massives au sein de leurs populations.
Certains parasites et agents infectieux comme la maladie de Carré (morbillivirus), l’échinococcose (Echinococcus multilocularis) la leptospirose (Leptospira interrogans) ou le ver rond du raton laveur (Baylisacaris procyonoides), récemment détecté en Wallonie, peuvent également être transmis et causer de graves problèmes de santé aux animaux domestiques ou à l’homme.
Soucis en pagaille
Tôt ou tard, le nourrissage répété des ratons laveurs cause beaucoup d’ennuis aux personnes qui en « prennent soin » ainsi qu’à leur voisinage. Attirés par les aliments, ils forment des rassemblements nocturnes autour des maisons et n’hésitent pas utiliser les chatières, les fenêtres, les greniers, les cheminées ou toute autre ouverture pour pénétrer à l’intérieur et aller piller les garde-mangers. Très bruyants, ils sont à l’origine de plaintes pour tapage nocturne. De nombreux témoignages montrent en outre qu’ils pillent souvent les potagers ou les arbres fruitiers et s’attaquent aux chats, aux poules ou aux autres animaux domestiques situés à proximité des maisons. Ils consomment également les batraciens et les nichées des oiseaux qui fréquentent les jardins. Sans compter le fait que la nourriture mise à leur disposition attire également les rats d’égout et d’autres animaux nuisibles…
Tenter d’apprivoiser et de nourrir les ratons laveurs et les autres mammifères sauvages n’est décidément pas une très bonne idée ! Ces animaux n’ont nullement besoin de nous et sont capables de trouver leur nourriture par eux-mêmes. En mettant des aliments à leur disposition, nous déséquilibrons les chaînes alimentaires et favorisons l’augmentation de leurs populations ainsi que la dégradation de leur état sanitaire.
Que faire alors ?
Pour préserver le bien-être des mammifères sauvages et nous prémunir d’ennuis de toutes sortes, il faut éviter de les approcher et de mettre de la nourriture à leur disposition.
Adoptons à cet effet les gestes simples suivants :
- Nourrir de préférence les animaux domestiques dans des lieux fermés ;
- Ne pas laisser de nourriture accessible dans le jardin durant la nuit ;
- Limiter l’accès aux poubelles en les sortant le jour même du ramassage ou en verrouillant leur ouverture à l’aide d’un cadenas ;
- Ne pas mettre de restes alimentaires dans les composts ouverts ;
- Installer des dispositifs anti-grimpe sur les arbres fruitiers et sur les mangeoires destinées aux oiseaux.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page dédiée au raton laveur de biodiversité Wallonie.